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18/05/2013

LE ROYAUME BAHAM historique de la cour royale


Le Royaume du Peuple Baham

GUA GUEFFA TA'A TOMDJAP

Sa Majesté POUOKAM II Max, Roi des BAHAM


  
HISTORIQUE DE LA COUR ROYALE

 Parmi les 90 Chefferies plus ou moins étendues et puissantes établies depuis le XIVè siècle après Jésus-Christ la Chefferie de Baham, d'une superficie moyenne actuelle de 56 Km2 environ n'est pas des moindres.
La Chefferie de Baham a été fondée par de chasseurs issus des vagues migratoires des Bamiléké sur les Hauts Plateaux.
A l'arrivée du fondateur sur le lieu géographique actuel, il y avait de petits groupes de peuplement n'ayant pas de leader. C'est ainsi qu'il s'évertuera par ruse ou par force à soumettre ces groupuscules à son autorité, comme on en sait aussi de l'histoire d'autres cours africaines ou européennes. Les vestiges du symbolisme de cette autorité ne manquent pas, à l'exemple du "Nto'o" à  "Sim Kaing" à Baham, lieu-dit de la première case du fondateur.
Les dynasties qui ont permis par fusion le création de la dynastie Baham sous l'impulsion du groupe fondateur venu d'outre-Noun ont pour nom :
    - la dynastie de MOUDJO, très ancienne, mais déjà essoufflée,
    - la dynastie des ZUDOM, chef des NGWA,
    - celle de ZUDIE, chef des MEUWAIN,
    - celle de DENDJI, chef des GUIGUI ...
dont les territoires sont encore visibles à Baham
Depuis ces temps immémoriaux, l'histoire nous a été transmise par le tremplin plus ou moins fragile qu'est la tradition orale jusqu'aux dépositions écrites de la période coloniale. Pour avoir puisé à toutes ces sources nous proposons la liste dynastique du trône de Baham comme suit :
    * 1. TAMDJA (Fondateur) Chasseur en Chef
    * 2. NDEPA KOUOKAM, fils de TAMDJA
    * 3. KAMMOGNE (l'un des jumeaux fondateur de Bayangam), fils de NDEPA KOUOKAM
    * 4. MBOUSSU, fils de KAMMOGNE
    * 5. TENTSEDO'O, fils de MBOUSSU
    * 6. KENT SEKOUA, fils de TEINTSEDO'O (Le Guerrier)
    * 7. TAGUIATSEU, fils de KENTSEKOUA
    * 8. KAMDEM I (Noutsha), fils de TAGUIATSEU
    * 9. KOUOKAM II (Nindzou), fils de KAMDEM I
    * 10. KAMDEM II (Guemdjo), le réputé humaniste, fils de KOUOKAM II
    * 11. POUOKAM (Guiakam), fils de KAMDEM II
    * 12. KAMWA Marx (Ngayap), fils de POUOKAM
    * 13. KAMDEM III NINYIM Pierre (Mekeu), fils de KAMWA
    * 14. TEGUIA Jean-Marie (Demgne), fils de KAMWA
    * 15. POUOKAM II Max (Matchuenkam), fils de TEGUIA
L'avènement de POUOKAM I coïncide avec la pénétration étrangère sur le plateau Bamiléké et son règne est très écourté.
KAMWA NGAYAP Marx lui succède jusqu'à sa disparition en 1954. La crise du pouvoir atteint dès sa mort son summum : le trône et la chefferie seront durement éprouvés durant les troubles de 1955 à 1960. Maintes fois incendiée, la chefferie perd alors son cachet traditionnel ancestral passé sous la flamme. Une fois la paix retrouvée voici à vos yeux les réminiscences empreintes d'un modernisme qui se cherche.
Somme toute, un trône séculaire qui a connu des hommes célèbres et méritants, et je citerais entre autres :
* KAMDEM II (GUEMDJO),
    fils de KOUOKAM (Nindzou), réputé le plus grand humaniste Chef Baham "GUA GUEFA TA'A TOMDJAP",
* KAMWA NGAYAP Marx :
    par sa témérité et son sens de développement, il a marqué la conscience des autorités coloniales et autochtones.
* KAMDEM III NINYIM Pierre,
    l'intellectuel qui, n'eurent été sa jeunesse et la précocité de son génie, aurait comblé l'attente de la communauté Baham.
* TEGUIA KAMWA Jean-Marie,
    chef de la réconciliation au lendemain de la période triste.

Avec la disparition de ce dernier Chef au trône, une page nouvelle de l'histoire est tournée et la communauté toute entière souhaite que le nouveau responsable soit :
    - Un Rassembleur d'hommes,
    - Un porte-parole de renom,
pour revigorer ce trône qui normalement a sa place au premier plan des trônes Bamiléké.
Puisse, dans la paix, la concorde et l'unité, s'accomplir ce voeu si cher à toute la communauté Baham pour le bien-être de notre chère Patrie le Cameroun.

Par NKENMOGNE KOUAM François 
ight © 1999-2013 Royaume Baham.

HISTOIRE DES BAMEKA

site du village bameka
 
Les fondateurs de quatre groupements de l'ancien département de la Mifi sont Bamendjou, Baméka, Bamoungoum et Bansoa, qui parlent le nguemba ce qui veut dire "je dis que eh ..."
C'étaient les enfants d'une famille de la dernière vague des populations bamilékés chassées par les Bamoun, eux-mêmes poussés par les Tikar vers le XVIIe siècle.
Les appellations des villages suscités viennent des noms que les parents de ces enfants leur donnèrent du fait de certains traits caractéristiques de leurs comportements, ou de leur statut même dans la famille.
C'est ainsi que le premier-né, enfant naturel, ne devait pas être bien accepté par son père adoptif, chef de famille. À chaque bêtise, le père s'exclamait : "JÔ MU'NDJWO WA LET LA'LA" ce qui veut dire "voici un petit malheur qui me colle à la peau".
Ses frères prirent donc l'habitude de l'appeler "Mu'djwo", "petit malheur". De là vint le nom du village qu'il fonda plus tard et qui est aujourd'hui appelé Bamendjou.
Le second (premier né du couple) aimait beaucoup pouponner son petit frère. Ce faisant il le serait tellement fort contre lui que leur maman s'exclama un jour :
"MANA'H NKATCHE MÈ TA CHIA", c'est-à-dire "cet enfant étreint trop le bébé".
Dès lors ses frères l'appelèrent "MU NKATCHE" (diminutif de MU-NKA), ce qui donna le nom "MU-NKA" au village qu'il fonda plus tard aujourd'hui appelé BAMÉKA.
Le troisième était gentil et serviable, qualités qui lui valaient d'avoir toujours un peu plus que les autres et d'être par conséquent rassasié.
Un jour sa maman s'en émut et dit : "MANA'H NKWONG NGOUGOUM NE TSIT TA TCHIA" ce qui veut dire :"cet enfant aime faire le malin pour être rassasié". On l'appela dès lors "MU-NGOUGOUM", "petit malin" d'où vint le nom MU-NGOUM du village qu'il fonda plus tard aujourd'hui appelé BAMOUGOUM.
Le quatrième très querelleur, était souvent source de confits et de tension entre ses frères .Un jour ses parents l'appelèrent et lui intimèrent cet ordre : " TCHO YI SATCHE PEUMEMA POH", ne sème plus la discorde entre tes frères.
De "NE SATCHE" = désunir viendra le nom "SSA" qu'on donna à cet enfant qui fonda plus tard le village le village "NSAAH" aujourd'hui appelé BANSOA.
Face à l'insuffisance des terres cultivables et de terrains de chasse dans leur région d'origine, les quatre frères quittèrent leurs parents et vinrent s'installer sur l'emplacement actuel de BAMÉKA où ils vécurent ensemble pendant quelques années avant de se séparer à cause des conflits qui les opposaient régulièrement.
Le premier alla s'installer au Sud-Ouest de BAMEKA et fonda le village BAMENDJOU.
Le second resta sur place et fonda le village BAMÉKA.
Le troisième alla fonder au Nord de BAMÉKA le village BAMOUGOUM.
Le quatrième se retira au Nord-Ouest de BAMEKA pour fonder le village BANSOA.
Comme dans chaque famille les enfants se regroupent très souvent par affinités naturelles. " MU-NDJWO " était très lié à " MU-NKATCHE " tandis que " MU-NGOUGOUM " s'entendait bien avec " SSA ". Ce regroupement deux à deux des quatre frères se perpétra en se consolidant même après leur séparation. Ceci explique sans doute pourquoi, tout au long de l'histoire, certains pratiques de la succession à la tête de ces quatre groupements sont restées bien établies, et même érigées en loi. C'est ainsi que le Chef BAMENDJOU " arrête " le Chef BAMÉKA et vis versa : le Chef BAMOUGOUM " arrête " le Chef BANSOA et vice versa.
De la création du village à nos jours seize chefs se sont succédé à la chefferie BAMÉKA. Le chef TAKOUKAM JEAN RAYMOND a succédé à FEUH NTCHINDA qui était le 18ème de la dynastie.

Organisation

Du fait que la succession se fait de père en fils ou de frère à frère, nous pouvons considérer les chefferies bamilékés comme des royaumes. Dès lors BAMÉKA devient naturellement le royaume BAMÉKA et le chef, le roi (même s'il y'a pas de couronne).
Tous les royaumes du GRASSFIELD (nom de baptême donné par les colons qui veut dire sol fertile et qui représente la région des hauts plateaux de l'ouest Cameroun, allant du MOUNGO au …….. en passant par …..) sont hyper structurés.
Dans chaque royaume, le roi représente l'autorité suprême. Il incarne le pouvoir spirituel et temporel. Son entourage proche se compose des serviteurs appelés TCHEUH-FEUH et NWOLAH. Les notables appelés " NKAM " assistent le roi dans l'administration et la gestion politique de son royaume.
La hiérarchie est de rigueur dans toute la royauté. Le roi est assisté des " NWOLAH ", de " TAAH MBA " et modestement de la " MEFOH NKWONG ".
1. NWOLAH TCHOUBUM : Il est le coordonnateur des activités administratives et politiques dans le royaume. En quelque sorte le Premier Ministre ;
2. NWOLAH NO'OH : Il est celui qui assure l'ordre et la sérénité à l'intérieur du palais, une sorte d'intendant qui veille sur les femmes et les enfants du roi. Il est assimilé au Ministre de l'intérieur.
3. NWOLAH KA : C'est celui pour qui les sociétés secrètes et les associations n'ont pas de secrets. Il fait le lien entre eux et sa majesté. C'est bien le Ministre Chargé des Relations.
4. TAAH MBA : C'est l'aide de camp de sa Majesté.
5. MEFOH NKWONG : C'est la première femme du Roi en quelque sorte la Reine.
Chacun de ses Ministres est assisté de deux adjoints KUETCHE et NDEFEU. Jadis ils honoraient ses services très jeunes (14 ans à 20ans).
Au bout de neuf ans de bons et loyaux services au près de sa majesté, ils reçoivent un titre de noblesse, femme(s) et bout de terrain dans le royaume en remerciement.
Dans les temps pas très lointain, les " NWOLAH ", " TAAH MBA ", et la " MEFOH NKWONG " accompagnaient le roi dans l'au-delà pour continuer à le servir par ce qu'un Roi ne meurt jamais il se repose.
Le roi se réfère souvent aux différents conseils des notables : le conseil des " sept " et le conseil des " neuf ". Les réunions des différents conseils se tiennent à la chefferie sous la présidence du Roi. Toutefois, les deux conseils peuvent être amenés à siéger ensemble à la demande du Roi. Le conseil des sept notables les " MEKAM SAAMBAH " ou les " NDZO " :
Avec le Roi ils sont considérés comme les fondateurs du village. Ils assument des fonctions religieuses. Tous les sacrifices aux dieux, l'entretien et l'animation des lieux sacrés appelés " NDAH-SI " leur incombent. Ce sont eux qui accompagnent le Roi vers sa dernière demeure.
1. MBA NDZOGANG au quartier PENG
2. NDZO TSINBOU au quartier LATSIT
3. NDZO TATSOKAM au quartier MESSENG
4. NDZO TACHUM au quartier LATSIT
5. NDZO DJOUBENG au quartier KOUOGOUO
6. TENE NDZOCHUM au quartier KOUOGOUO
7. NDZO DOUMKAM au quartier KOUOGOUO
Le conseil des neuf notables les " MEKAM-NEFEUH " ou les " MBÉ " :
C'est la plus haute chambre et la détentrice du pouvoir législatif et juridique.
A cette chambre y siège sept notables assistés du Premier Ministre, le " NWOLAH TCHOUBUM " sous l'intendance du Roi. Outre la désignation du Roi, ils statuent sur la promotion d'un notable, la destitution d'un Roi s'ils le jugent incompétent ou s'ils estiment que le Roi ne suit pas la ligne directive qu'ils ont ensemble définie.

C'est la plus haute juridiction. Sous la présidence du Roi, elle juge tout litige dont elle est saisi, et ne les transfère aux tribunaux modernes qu'en cas d'incompétence ou de refus du verdict par l'une des deux parties concernées.

L’histoire de BABOUANTOU (pas de site babouantou)

quartier batack de Babouantou

BABOUANTOU : Son évolution du XVIII° siècle à nos jours

photo de famile nouvel an batack 2013

Par NZEUDEU Isaac Théophile, Enseignant

L’histoire de BABOUANTOU qui suit est un extrait d’un opuscule en cours de publication de M. NZEUDEU Isaac Théophile, Directeur d’Ecole Publique actuellement en service à Bafoussam. Ce brave enseignant est originaire de BATACK dans le groupement Babouantou.

 GENERALITES

La chefferie Babouantou est située à 15 km environ au Nord-Est de Bafang et dans l’arrondissement de Bandja. Elle est l’une des nombreuses chefferies que compte le Bamiléké. Cette dernière forme un vaste plateau qui porte son nom ; il s’étend du 5° au 6° degré de latitude Nord, et du 10° au 12° degré de longitude Est.
Babouantou est  limité de Bandenkop et de Batié par une chaîne de collines qui prennent leur naissance à Bangou. Elles se poursuivent au delà de Batié (col de Batié) vers Foutouni. Une autre bande de hautes terres prend naissance à Badoumdjia et sépare Babouantou de Banka, Bana (col de Bana) où elle s’élève jusqu’à 2 200 m aux monts Batcha’ et Bachingou. Dans l’ensemble, la chefferie présente une vaste plaine élevée en son centre, dont l’étendue correspond à peu près aux 2/3 de la superficie totale. Toutes ses eaux coulent vers une vallée étroite et encaissée du côté de Badoumdjia ; elles forment ainsi le cours supérieur de Ngoum, affluent du Nkam.
Les pluies se répartissent sur une longue saison, allant de mi-mars à mi-novembre ; la saison sèche est atténuée par des rosées nocturnes, par les brumes et les brouillards matinaux. Les moyennes des températures se situent entre 19° et 23°.
Les travaux agricoles sont la principale préoccupation de toute la population. En dehors des cultures vivrières extrêmement variées qui se pratiquent jusqu’ici, généralement par les femmes, la culture du café, introduite à Babouantou en 1942 par le chef MONGOUE Michel, est devenue la principale activité des hommes. Les sommets des collines sont exploités en commun pour le petit élevage de chèvres et de moutons ; celui des bœufs se pratique sur les collines limitrophes du côté de Bandenkop, Bangou et Bana, par manque de terrain disponible à l’intérieur de la chefferie.
Il ne s’agit pas ici d’une étude exhaustive sur l’évolution de la chefferie Babouantou, depuis la création du hameau du chef jusqu’à nos jours ; mon intention est d’essayer de présenter quelques éléments qui, depuis le XVIIIe siècle, ont apporté peu à peu de modifications dans l’aspect physique, dans les traditions et quelles peuvent être les perspectives d’avenir de ce village.
Comme ces transformations ne se produisent généralement qu’après des chocs ou des heurts avec le monde extérieur, les principales causes sont groupées en trois étapes dans cette étude sommaire. Il est à noter cependant que ces étapes ne marquent pas d’une façon rigoureuse le passage d’un mode de vie à un autre.
En effet, le passé de Babouantou paraît obscur jusqu’en 1921, date à laquelle la première Mission Protestante a été créée à Sessieu. Ce passé ne se conserve que par des traditions orales, comme dans presque toute l’Afrique Noire. C’est ainsi que l’histoire de ce village compte beaucoup de variantes, selon l’âge, le tempérament et le sexe des informateurs (ou des informatrices).
Mais cette étude est faite au moment où beaucoup d’autres problèmes se posent à Babouantou ; une baisse sensible de la production des cultures vivrières inquiète la population qui se dit : « faut-il rentrer habiter les campagnes, si oui, que faudra-t-il faire des enfants, puisque toutes les écoles sont concentrées dans le camp de regroupement ? » Devant cette dualité, les Babouantou sont en train de constater un fait important, qu’il vaut mieux continuer à vivre dans une collectivité entreprenante, comme ils l’ont fait depuis 1960, que de retourner à une vie individuelle et misérable des années d’avant l’Indépendance.
  1. LES CHEFS AYANT REGNE AVANT LA COLONISATION
L’histoire de l’installation du premier chef Babouantou est semblable à celle des autres villages Bamiléké.
Vers la fin du XVIIe siècle, les Bamiléké, sous la poussée des Foulbé, puis des Bamoun, ont quitté le pays Tikar. Après une étape chez les Bamoun, ils ont ensuite franchi le Noun pour venir s’installer sur l’emplacement actuel qui était habité, puisque c’est au cours de cette même période de migration des bamiléké, qu’un groupe des Badoumdjia, voisins des Ndum, est allé se fixer à Bamoungoum, comme l’indique le manuel du R.P E. MVENG. En supposant que chacun des onze chefs Babouantou connus, ait régné pendant 20 ans au moins – ce qui est d’ailleurs possible puisque le chef NGANDEU a régné de 1905 à 1938, et que le chef MONGOUE Michel sera sur le trône de 1938 à 1975, S.M. KALEUK MONGOUE est au trône depuis lors. On peut dire que le premier chef Babouantou connu sous le nom de DJAMENI ordinairement appelé NDJANKEU a pris le pouvoir aux autochtones de Ndum vers la première moitié du XVIIIe siècle.
D’après la tradition orale, DJAMENI, premier chef Babouantou, est le frère jumeau de LEUKOUMENI (1er chef de Bangwa) fils du chef de Bafamgwa (Badrefam), lui-même descendant des Yola (N.E du Nigéria). A la mort de leur père, ces deux jumeaux prétendaient tous au pouvoir ; c’est ainsi qu’un troisième fils profita de ce conflit pour les renvoyer. Chacun de ces deux frères émigra avec sa famille et ses esclaves vers des lieux indéterminés.
Après maintes aventures, LEUKOUMENI devint chef supérieur à Bangwa, et DJAMENI celui de Babouantou. Ceci explique les relations d’amitié qui existent entre ces deux chefferies sœurs.
Néanmoins, l’origine du premier chef est bien connue des habitants. DJAMENI est le fils du chef de Bafamgwa (Badrefam). Ce dernier est descendu des Yola (N.E du Nigeria) vers la fin du XVIIe siècle, lors de la migration des Bamiléké.
DJAMENI et ses sujets ont dû fusionner leurs usages et coutumes avec des autochtones de Ndum (ancienne appellation de Babouantou), Ndum en Babouantou signitfie « mâle » (symbole d’énergie et de puissance). DJAMENI ayant conquis ce territoire, lui a donné le nom de « Puantu » ; Puantu est composé de « Pua » : ma main, et de « ntu » : brûler ; littéralement Puantu veut dire « j’ai vaincu tous les autres de ma main et de mon intelligence », et les Français écriront plus tard Babouantou ; le préfixe « Ba » et plus précisément « Peh » chez les Bamiléké signifie « les gens de ». (Le Bamiléké peut dire aussi Peh douala ou Badouala, ce qui veut dire les gens de Douala), le « u » en Bamiléké se prononce comme « ou » en Français ; la nuance de prononciation entre Pua et Bua est presque imperceptible dans la langue locale ; ainsi on prononce indifféremment Puantu ou Buantou.
Le hameau du chef et la société des neuf (société des grands notables) ont été mis en place par DJAMENI. Pour étendre et maintenir son pouvoir, il a créé les quartiers et a placé son représentant à la tête de chacun d’eux. La structure sociale et politique de Babouantou s’est ainsi peu à peu élaborée et consolidée.
Très intelligent, DJAMENI était un habile chasseur. Il avait parcouru toutes les brousses de Bamena, Bangou et Ndomla ; de là, il descendit vers cette vallée de Ndum, très giboyeuse à cette époque. Il s’intalla d’abord chez un autochtone du nom de PAMOU à Ngouopi, situé à 4 km environ de l’actuel emplacement du hameau du chef. Cet endroit n’était qu’une simple colline couverte de chaume. Elle délimitait les propriétés des deux chefs autochtones, FEUPI et FEUAYE. Sur le flanc de cette colline existait un endroit, « pekeupka » qui serait aménagé par ces deux chefs pour les danses et toutes sortes de grandes cérémonies. FEUPI et FEUAYE avaient précédé DJAMENI sur le terrain.
FEUAYE n’ayant pas pu accéder au trône à Bayangam ne devait plus continuer à y vivre comme il est de tradition chez les bamiléké.
Il partit avec ses sujets qui continuaient à l’appeler FEUAYE littéralement « le chef de Bayangam » et finit par se fixer dans la zone qui garde encore son nom : KOUYE, littéralement « les champs ou le domaine de FEUAYE ».
FEUPI, quant à lui est venu de BALI longtemps avant DJAMENI. Après un long séjour chez les Bamoun dans les BAPI, un complot ourdi par les serviteurs du Sultan de Noun fit partir les BAPI de leur lieu de résidence. Ils traversèrent le fleuve Noun et éclatèrent en deux groupes.
Les uns suivirent leur chef du côté de l’Ouest de Baleng derrière les Badeng. Ils forment aujourd’hui le groupement BAPI dans l’arrondissement de Baleng.
Les autres avec pour chef FEUPI, littéralement « le chef des PI » qui était suivi de 55 personnes dont trois étaient mortes en cours de route, traversèrent les hauts plateaux de l’Ouest et vinrent s’installer à Ndum (Babouantou) avec 52 personnes, les NZE TCHAPDEU à Nteu, MBEU SEPGA à Toula… sont les descendants de FEUPI.
Pour soumettre les autochtones, DJAMENI dut employer plusieurs moyens.
En sa qualité d’habile chasseur, il ravitaillait ses voisins des produits de chasse.
Ceux-ci en retour lui donnaient des filles en mariage ainsi qu’à ses serviteurs. Devenu puissant par ces moyens pacifiques, il invita FEUPI à une danse de « Zen » qu’il avait organisée. Il fut convenu que les gens de FEUPI porteraient une sorte de tunique sans manches, couvrant la tête, les bras et les jambes (« Loeu »). DJAMENI explique que cette tenue était destinée aux nobles, alors que les siens considérés comme des esclaves, devraient masquer tout simplement leur visage. Ce jour venu, DJAMENI ordonne d’alterner les danseurs. En effet, il s’était entendu avec les siens qu’à un signal qu’il donnerait en sifflant dans une corne d’antilope, chacun d’eux devrait saisir au corps son adversaire. Ce qui fut fait, lorsque la danse était endiablée. Les gens de FEUPI qui ne purent s’échapper de ce stratagème furent tous ligotés. DJAMENI lui-même se saisit de FEUPI. Ce dernier, pour conserver sa vie et celle des siens, dut signer la paix, en se prosternant devant DJAMENI, et en lui rendant tous les honneurs dus à un chef supérieur Bamiléké. FEUPI ainsi soumis, il invita FEUAYE.
Pour soumettre ce dernier, DJAMENI essaya de aire caler sa hache dans le tronc de l’arbre abattu. Il pria FEUAYE de tenir le bois écarté pour qu’il enlevât la Hache. FEUAYE obéit. DJAMENI fit sauter brusquement la hache et les mains de son ami se trouvèrent prises dans la fente du bois. Il demanda à FEUAYE de se rendre ; ce qui fut fait sans aucune résistance.
Il restait à quelques 3 km de chez DJAMENI, un troisième chef autochtone du nom de FEUNIEU. Pour soumettre ce dernier, DJAMENI plaça à côté de lui un de ses fils : FEUATCHIEU, très fort, chargé de surveiller son adversaire de très près. DJAMENI devint alors, à la fin de ces tours de force et d’adresse, le chef suprême de Ndum qu’il appela Puantou. La conquête terminée, DJAMENI ramena pacifiquement à lui tous ceux qui l’avaient précédé sur le territoire de Ndum. Il créa la société des neuf « Keupnjeu ». c’est la société des grands notables de la chefferie, la plus importante où se tient le conseil supérieur ; chaque membre y jouit des mêmes droits que le chef.
2. Babouantou de 1905 à la veille de l’Indépendance du Cameroun
Les Allemands sont arrivés à Babouantou vers 1905. Cette date a coïncidé avec la mort du chef KAMZEU et de l’accession de NGANDEU au pouvoir. L’influence des travaux forcés, des Missionnaires, des écoles, de la technique des briques sèches – bref, de la civilisation occidentale a marqué la seconde étape de l’évolution de Babouantou. Les jeunes gens qui sortaient des écoles trouvaient la vie du village inadaptée à la culture reçue des Occidentaux. Ils étaient ainsi freinés par certains interdits, d’où le début d’une forte émigration continue vers les villes et les plantations de Mungo. Les crises des années 1959 et 1960 ont désorganisé toutes les couches sociales du village et ont abouti à la création d’un camp de regroupement.
Depuis DJAMENI, dix autres chefs se sont succédés à Babouantou. Il est de coutume chez les Bamiléké, que chaque chef créé une nouvelle société coutumière, augmentant ainsi le nombre de celles qui ont été fondées par ses prédécesseurs.
PIBOU, aussi appelé KAPLUK, a succédé à DJAMENI. Il a fondé la société « Keumbap » et a fait planter les deux grandes pierres qui se dressent à l’entrée de la cour du chef, ces pierres sont appelées « Luk-la’ » (littéralement : pierres de la chefferie). Elles symbolisent l’unité de tous les habitants, car leur implantation a exigé la participation de tous les sorciers de Babouantou.
Les œuvres des six chefs qui ont suivi PIBOU sont encore inconnues. Ces chefs sont :
3 - KAMCHE
4 - TCHEKOHKIABE
5 - TCHAMGWELIO
6 - KAMOU
7 - YAMDJIEU
8 - KAMAHA
KAMZEU, le 9è chef, a été de loin, l’un des plus célèbres. La société « Ndapkeup » est sa première œuvre. Très valeureux, il avait entrepris une politique de pacification. Son armée était divisée en deux groupes : la première s’appelait « Kiodacheu » et la seconde « Pandjui ». ses guerriers se distinguaient dans les mêlées par une bande d’étoffe rouge qu’ils portaient sur la tête. Cependant le chef KAMZEU ne mettait pas son armée à la conquête des terres, mais plutôt à la protection de ses voisins. Les frontières de sa chefferie étaient en grande partie situées sur les montagnes et il ne voulait pas les violer. On ignore à quelle époque les premiers fossés (tranchées) servant de frontières entre Babouantou et ses voisins Bana, Bangou et Badoumdjia ont été creusés. Certes, il n’y a pas de frontières entre Babouantou et ses voisins Bandenkop, Batié, et Banka. En effet, il existe un traité d’amitié entre ces chefferies et Babouantou. Sous le règne de KAMZEU et de son successeur NGANDEU, cette amitié a été particulièrement marquée par la participation massive des Bandenkop, Batié, Badoumla, Bapa à la société « Pangop » dans le hameau du chef Babouantou. Avant l’arrivée des Allemands, cette société comptait plus de 150 adhérents ressortissants de ces chefferies amies.
10è MOUNGOUE Michel Richard
11è KALEUK MONGOUE Pierre
les Babouantou ont eu certes des querelles avec certains de leurs voisins. La plupart se sont déroulées sous le règne du chef NGANDEU : la coupure de la bande de terrain Ngoeukou (Bandja) ; Mvet-Kop et Tékou (Bangou).
La querelle très récente entre Babouantou et Bamechetcha’ ne découle que d’un problème de vol de bétail.
  1. La Querelle Entre Babouantou et Badoumdjia
L’origine de cette querelle est banale. Le chef Bandja avait un esclave (SOKATCHE) acheté à Bamena. Celui-ci servait du vin à boire à son maître. Un jour par inadvertance la carafe glissa entre ses mains et se brisa, le chef Bandja très fâché, promit d’infliger une rude correction à SOKATCHE et sa vente comme esclave par la suite. Cet homme réussit à s’échapper. Il courait de brousse en brousse et ateignit les environs du hameau du chef Babouantou. Capturé, cet homme devint le serviteur du nouveau maître.
Le chef Bandja renseigné sur le fait, envoya plusieurs messagers négocier en vain auprès du chef Babouantou. Ces multiples échecs énervèrent le chef Bandja qui, pour se venger coupa une bande de terrain (Ngoeukou) sur Babouanou. Les derniers affrontements entre les deux chefferies pour ce terrain datent de 1956 du côté de Fopyé, où un Bandja sur le champ de bataille cria en ces termes littéralement traduits « lancez les pierres en brousse, lancez les cailloux en brousse, les Babouantou y sont pleins ».
La zone de Fopyé a été longtemps une zone stratégique pour les Babouantou.
1er – Zone d’accès. C’est par là que les Allemands ont ouvert la première piste pour desservir le groupement Babouantou. Les ruines de leurs porcheries s’y dressent encore non loin du point sur la rivière Fopyé.
2è – Zone très fertile. Vallée au dépôt d’alluvion très importante avec prolongement sur Laangueu à Bandja : culture du café, palmier à huile et vivrière.
3è – Zone de confluence. Entre les cours d’eau venant de Baloum par Kwayap, de Batchieu par la chefferie supérieure du groupement Babouantou.
4è – Zone à sable blanc. D’où de nombreuses carrières de sable de par les lits des rivières que les rigoles des torrents.
5è – Cette zone garde en son sein un lieu sacré dont le chef supérieur Babouantou et FEUAYE détiennent seuls les secrets.
6è – La piste traditionnelle qui relie Badoumdjia à la chefferie amie Badagvet passe par cette zone. C’est par là qu’il est de coutume à tout chef Bandja de passer pour aller introniser un nouveau chef à Badagvet. On comprend donc l’importance de  cette zone à Babouantou au fil des ans.
Sous le règne de sa majesté KALEUK MONGOUE Pierre et son homologue TCHOUPE de Badoumdjia, les populations de ces deux groupements connaissent une période d’accalmie et une assistance mutuelle. C’est ainsi qu’il souhaitent que de bonnes volontés réparent le vieux pont de Fopyé pour le bon épanouissement de cette zone riche d’histoires.
Sa majesté TCHOUPE Rodrigue, chef actuel de Badagvet depuis Août 1997 est l’homonyme que son père KEOU Joseph avait attribué comme cadeau surpris à leur hôte, sa majesté TCHOUPE de Badoumdjia un jour de Tchomté. Ce dernier était venu aider son ami KALEUK MONGOUE Pierre pour la collecte des impôts.
  1. Querelle entre Babouantou et BANGOU
La cause lointaine de cette querelle qui a connu de nombreux rebondissements au fil des siècles, relevait du fait que le chef Bangou avait demandé à son homologue de Baboouantou de s’unir pour combattre les Bandenkop et se partager le territoire conquis. Mais les Babouantou qui avaient déjà œuvré pour la paix avec tous ses voisins et ayant même scellé un pacte de non violation de territoire avec les Bangou, en enterrant un chien sur la colline qui porte le nom de « Ntock Mveuassi » littéralement le lieu où ce chien a été enterré s’élève à des centaines d’années puisque personne ne dit vraiment à quelle époque exactement cette tranchée a été creusée. L’échec des Bangou devant l’annexion des Bandenkop les a écoeuré pendant de longues années jusqu’en 1921, sous la colonisation des français qui avaient pris le poste militaire Allemand de Bana et commandé par GEREAU, le chef TAYO en cette période sur le trône à Bangou a décidé d’outrepasser le pacte de non violence et a traversé le fossé ancestral existant, pour creuser un autre à l’intérieur du territoire Babouantou ; chassant les paisibles occupants de ce territoire eet s’appropriant de leurs biens. Le chef NGANDEU sur le trône à Bbouantou ne comptait que sur le pacte de non violence qui liait leurs deux territoires. Ce litige frontalier qui faisait parfois couler du sang a duré jusqu’au 3 octobre 1996 quand le Secrétaire Général de la Province de l’Ouest, à la tête d’une commission en application des dispositions de l’arrêté 103/CAB/PR signé par le Président de la République, son Excellence Monsieur Paul BIYA, du 12 mars 1996 fixant les limites entre Babouantou et Bangou, est descendu dans la zone conflictuelle pour le repérage des 14 points de matérialisation où ont été implantées bornes géantes les 8 et 9 octobre 1996, pour sceller définitivement la fin de ce conflit qui a duré depuis 1921.
  1. Querelle entre Babouantou et Bamechetcha
Bamechetcha’ a été de longue date allié de Babouantou. La guerre qui à une période de l’histoire a opposé Bamechetcha’ Batié’ n’était qu’une guerre économique. C’est à Bamechetcha’ que les Batié’ cherchaient le chaume pour couvrir les toitures. Ce que les Bamechetcha’ ne voulaient pas ; alors un conflit armé éclata entre eux. Bamechetcha’ opta dans un premier temps à une guerre de terre brûlée. Batié’ s’y opposa avec acharnement. Les Bamechetcha’ firent appel à leur allié Babouantou qui envoya au front des vaillants guerriers sous le règne de KAMZEU. Tels NGANDEU qui succèdera à son père en 1905 et TCHANKOUE qui succédera aussi… à BATCHIEU.
Sur le champ de bataille, les alliés des Bamechetcha’ imaginèrent une astuce. Ils entrèrent la nuit en catimini au milieu des fagots de chaume stockés dans la montagne par les Batié’. Quand les Bamechetcha’ menaçaient d’incendier ces fagots de chaume, les Batié’ tentèrent de les emporter. C’est alors que sortirent de là les guerriers Babouantou qui mirent en déroute les Batié’. En guise de reconnaissance, le chef Bamechetcha’ donna deux filles à Babouantou : la mère de Tchuipou NJIYA à NGANDEU et la mère de Tchuipou KAMDEUP à TCHANKOUE. Si donc dans les années 1955-1956, il y a eu quelques affrontements entre les Babouantou et les Bamechetcha’ sur les collines limitrophes de ces deux chefferies, ce n’était qu’à cause du vol de bétail des uns par les autres, sinon les liens de mariage entre ces deux chefferies les contraignent à éviter les conflits armés.

Histoire de Bafoussam


Histoire de Bafoussam

Diaporama sur Bafoussam

La Commune urbaine de Bafoussam fut fondée en 1926. Bafoussam, en Bamiléké fù'sap ( fù'sâ ) signifie trésor de la tranchée. La terre à côté de la tranchée qui séparait Bamun et Bafoussam actuel était très riche. On appela cette terre, fù 'sap. Les premiers habitants sont venus de Bamun ( précisément de la plaine Tikar ) comme les Baleng dont ils sont frères.
Les principaux chefs qui ont gouverné Bafoussam sont : Fotié ; Tagho ; Mambou 1919- 1933 ; Tchountchoua Paul 1933-1958 ; puis Ngompé Elie. Aujourd'hui, le chef du village et actuel maire est Njitack Ngompé Pelé depuis le 10 décembre 1988 à la

 chefferie supérieure de Bafoussam